Les Guerres du Trinon
Chroniques du Trinon — L’Héritage du Nether et la Chute des Étoiles
Livre des Guerres, Compilé par Timbelton de Pémoria, Archiviste impérial du Collège de la Sphère d’Alethin
Livre Troisième — La Chute de Wyhram et le Crépuscule du Nether
Nul ne sait véritablement comment chuta Wyhram, la cité flottante aux mille tours d’onyx et de lumière, suspendue au-dessus du delta du Cil comme un rêve défiant les cieux. Ce fut là, dans le fracas muet de l’éther, que prit fin l’Ère du Nether. Le récit demeure brisé, morcelé, raturé dans les grimoires d’antan — car approcher les ruines n’est plus qu’une folie pour les vivants.
Au tournant du VIe siècle de la Première Ère, les mages de Wyhram créèrent le premier Netherill, immense ancrage magique défiant les lois naturelles. Dans leur soif d’exploration, ils découvrirent un autre monde, un royaume oublié d’ombres et de secrets, peuplé de créatures inconnues et de races ténébreuses — les Drows de Tenebrae en tête.
En l’an 262, un pacte fut scellé sur les flots entre les deux puissances, et une route commerciale relia Tenebrae à Wyhram. La cité s’enrichit des métaux des Monts d’Owelgorm et devint le joyau du continent, phare mystique de toutes les nations. L’Université des Sept Quadrans accueillait les jeunes prodiges du monde entier, et le Culte d’Ishtar, seul autorisé entre ses murs, résonnait dans les arènes et les cieux.
Mais en l’an 288, le silence s’abattit.
Les routes furent rompues, le Pont Arc-en-Ciel brisé. Des éclaireurs revinrent, les yeux fous, murmurant l’apparition d’un nuage pourpre rampant depuis le fleuve. Les cités vassales, abandonnées ou en proie à la guerre civile, sombrèrent dans le mutisme. Ceux qui fuyaient portaient les marques d’un mal inconnu : veines violacées, transformation lente et irréversible. Ce n’était plus la magie des hommes.
Un coup d'État interne mena les mages à activer les Sept Netherils de défense. Plus aucun intrus ne survécut à l’approche. Et puis, plus rien. Wyhram disparut, avalée dans le ciel comme une étoile morte.
Livre Quatre — La Malédiction du Fleuve-Vie
Lorsque le Fleuve-Vie, descendant du Plan Élémentaire de l’Eau, devint le vecteur d’une corruption rampante, les royaumes riverains tombèrent dans l’oubli. Après la chute de Wyhram, les Drows, assoiffés de domination, lancèrent leurs armées sur Carthalith. En cinq ans, la cité se rendit.
Pour se venger, les Rois-Dieux Tilosh, Melesh et Karlarsh maudirent le fleuve. Mais la malédiction fut détournée : les Drows l’utilisèrent pour assiéger Lasiris, la cité des Yuan-ti, protégée par les dragons. Encerclée pendant cent cinquante ans, la cité survécut grâce à ses prêtres draconiques, déchaînant abominations et rituels anciens.
Un miracle s’accomplit alors.
Grâce aux cultistes de Sylvek, une alliance improbable vit le jour. Les chevaliers Rockfen, les Hauts Elfes de Lloriathomb et les mages de Khela bâtirent en six jours une citadelle de magie pure. Leur pouvoir rompit les malédictions drows et mit fin à leur avancée. Pourtant, la malédiction du fleuve coule toujours, jusqu’à la Mer des Igons.
Alors, un nouveau peuple se leva. Guidés par Iraël Tal’Dirya et la promesse d’un avenir, les hommes des steppes de Quaza partirent au-delà du Rempart fonder un royaume encore non nommé.
Livre Cinq — Le Sacrifice des Arcanistes de Khela
La Quatrième Guerre du Trinon vit la vengeance de Lolth s’abattre sur les Hauts Elfes. Elle lança une nouvelle croisade d’esclaves et de Drows depuis Carthalith et Syst vers la Forêt Millénaire. Le Temple des Eaux Bleues tomba, transformé en marécage hanté par les âmes damnées.
La Citadelle d’Elyn fut le dernier bastion.
500 archers-mages de Lywin, 200 cavaliers d’Estelor, 800 moines des Monts de Cristal, 15 arcanistes de Khela. Une muraille vivante face à l’ombre.
L’assaut fut lancé à la tombée de la nuit. Les cavaliers tombèrent héroïquement en brisant les invocateurs. Mais la magie noire reprit forme. Les Drows, invoquant Baykoks et Molosses Nessiens dans les cadavres des elfes, brisèrent les défenses. Il ne resta que six.
Iraël Tal’Dirya. Siléav Mol’sina. Elr’nas Tal’Dorvin. Arwenn Lunatea. Malvidim Silnia. Iraël Elyn.
Six âmes, six sacrifices. Ensemble, ils appelèrent un dernier Netherill, brisant le voile détruit de Mystra. L’onde magique consuma l’armée entière. Depuis ce jour, nul ne pénètre la citadelle sans disparaître. Le dernier Netherill attend, dormant, qu’un héritier digne de Khela vienne l’éveiller.
Livre Sept — L’Éveil des Ombres et l’Alliance du Trinon
Trois siècles de paix, appelés les Trois Fleuves Dorés, virent les royaumes humains s’enrichir. Les armées, dissoutes dans l’oisiveté, devinrent des compagnies de mercenaires sans foi ni bannière.
Et pendant ce temps, dans les déserts brûlants de Cuthsi, les Drows préparaient leur revanche. En secret, ils pactisèrent avec Kibaram. Derrière le Grand Sanctuaire de Dahwud, une armée de 666 000 êtres fut rassemblée : morts-vivants, Driders, démons du Sépulcre, et le Fils d’Ashtarlon à leur tête.
Mais un homme changea le destin : Ely Timble, porteur du Masque des Illuminés.
Avec les Arpenteurs et Maska, il atteignit Tenebrae. Là, la Grande Prêtresse Psilesia sacrifia sa vie pour briser l’avatar de Lolth. Ely, quant à lui, tomba aux Gorges du Rempart, terrassant AxanSali, le fléau des nécrodémons. Uman, dernier des Arpenteurs, rallia les peuples.
Alors naquit l’Alliance du Trinon, unie sous l’étendard de l’espoir : Stirifell, Vultero, les halfelins de Thigota, les gnomes errants, les elfes de Lloriathomb. Ensemble, ils repoussèrent les ténèbres jusqu’à Tenebra.
Dans les marécages d’Owelgorm, une poignée de héros pénétra la cité de l’Araignée.
Et dans le Temple de la Tromperie, Uman donna sa vie pour enfermer à jamais la déesse Lolth. La guerre s’acheva, le monde respira, et des cendres naquit un nouvel empire : l’Empire des Trois Royaumes, fondé par Frierich Ier, fils du sang et de la cendre, héritier de la lumière.
Ainsi furent les Guerres du Trinon. Des cieux effondrés aux fleuves maudits, des cités oubliées aux ultimes sacrifices, le monde fut broyé, refondu, et offert à ceux qui oseraient encore croire que la magie ne doit jamais être un empire, mais un serment.